La politique moyen-orientale de l'administration Bush
Eric Cunat
Le Président aborde l'avenir de l'Irak dans un discours à l'American Enterprise Institute
(26 février 2003)
À l'American Enterprise Institute, certains des meilleurs cerveaux de
notre pays tentent de relever les plus grands défis de notre nation. Vous
faites un si bon travail que mon gouvernement a emprunté vingt de ces sommités.
Je tiens à les remercier pour leurs services, mais je tiens aussi à rappeler
que depuis soixante ans les chercheurs de l'American
Enterprise Institute apportent une contribution essentielle à notre pays et
à notre gouvernement, et nous leur en sommes reconnaissants.
Nous sommes réunis aujourd'hui dans
une période décisive de l'histoire de notre pays, et du monde civilisé. Une
partie de cette histoire a été écrite par d'autres ; le reste, c'est à nous de
l'écrire. Par un matin de septembre, des menaces qui s'étaient précisées au fil
des ans, en secret et très loin, ont abouti à un massacre de grande ampleur
dans notre pays. En conséquence nous devons regarder la sécurité d’une nouvelle
manière, car notre pays est un champ de bataille de la première guerre du 21e
siècle.
Nous avons appris une leçon :
nous devons faire face activement et avec force aux dangers de notre époque,
avant qu'ils ne se manifestent de nouveau dans notre espace aérien et dans nos
villes. Et nous nous sommes fixé un objectif : nous ne permettrons pas le
triomphe de la haine et de la violence dans les affaires des hommes.
Composée de plus de quatre-vingt-dix
pays, notre coalition pourchasse les réseaux terroristes à l'aide de tous les
instruments de la justice et de la puissance militaire. Nous avons arrêté de
nombreux commandants importants du réseau Al-Qaïda ou pris d'autres mesures à
leur égard. Dans le monde entier, nous pourchassons les tueurs un à un. Nous
l'emportons en leur montrant la définition de la justice américaine. Enfin,
nous faisons face au plus grave danger de la guerre contre le terrorisme, à
savoir les gouvernements hors-la-loi dotés d'armes de destruction massive.
En Irak, un dictateur produit et
cache des armes susceptibles de lui permettre de dominer le Moyen-Orient et
d'intimider le monde civilisé, mais nous ne le permettrons pas. Ce même tyran a
des liens étroits avec des réseaux terroristes et pourrait leur fournir des
moyens terribles de frapper notre pays, mais les États-Unis ne le permettront
pas. On ne saurait ignorer le danger que constituent Saddam Hussein et ses
armes. Il nous faut faire face à ce danger. Nous espérons que le gouvernement
irakien satisfera les exigences des Nations unies et qu'il désarmera totalement
et pacifiquement. S'il ne le fait pas, nous sommes prêts à désarmer l'Irak par
la force. Dans les deux cas, ce danger sera supprimé.
La sécurité des Américains dépend de
la disparition de cette menace directe et croissante. L’action contre ce danger
contribuera aussi considérablement à la sécurité et à la stabilité durables de
notre monde. Le régime irakien a montré comment une tyrannie peut semer la
discorde et la violence au Moyen-Orient. Un Irak libéré pourra montrer comment
la liberté peut transformer cette région essentielle, en apportant l’espoir et
le progrès à des millions de personnes. Les intérêts des États-Unis en matière
de sécurité et la croyance de l’Amérique en la liberté mènent tous les deux
dans la même direction : un Irak libre et pacifique.
C'est au peuple irakien, d'abord,
que profiterait la libération de l'Irak. Aujourd'hui, il vit dans la pénurie et
dans la peur sous la férule d'un dictateur qui ne lui a apporté que guerre,
misère et torture. Saddam Hussein se soucie peu de la vie et de la liberté des
Irakiens, mais la vie et la liberté des irakiens nous importent beaucoup.
Rétablir la stabilité et l'unité
dans un Irak libre ne sera pas une chose facile. Mais ce n'est pas une raison
pour laisser les chambres de torture et les laboratoires de poisons continuer
leurs activités. Un avenir que les Irakiens choisiront eux-mêmes, quel qu'il
soit, vaudra mieux que le monde cauchemardesque que Saddam Hussein a choisi
pour eux.
S'ils doivent utiliser la force, les
États-Unis et les membres de leur coalition se tiennent prêts à aider les
habitants d'un Irak libéré. Nous ferons parvenir des médicaments aux malades et
nous sommes actuellement en train de mettre en place près de trois millions de
rations alimentaires d’urgence afin de nourrir les affamés.
Nous ferons en sorte que les 55'000
centres de distribution de vivres établis en Irak dans le cadre du programme
"Pétrole contre nourriture" soient stockés et ouverts aussi vite que
possible. Les États-Unis et la Grande-Bretagne font actuellement parvenir une
aide financière forte de dizaines de millions de dollars au Haut commissariat
aux réfugiés et à d'autres organisations tels que le Programme alimentaire
mondial et l'UNICEF pour qu'ils soient en mesure de fournir une aide d'urgence
au peuple irakien.
Lorsqu'il s'agira d'exécuter le
travail urgent et dangereux qui est de détruire les armes chimiques et
biologiques, nous serons aussi les premiers. Nous nous emploierons à assurer la
sécurité contre ceux qui essaieront de propager le chaos, de régler des comptes
ou de menacer l'intégrité territoriale de l'Irak. Nous nous efforcerons de
protéger les ressources naturelles de l'Irak contre les manœuvres de sabotage
d'un régime moribond et de garantir que ces ressources soient utilisées pour le
bien de ceux à qui elles appartiennent : les Irakiens.
Les États-Unis n'ont nullement
l'intention de déterminer la forme exacte du nouveau gouvernement irakien.
C'est aux Irakiens qu'il appartient de faire ce choix. Il n'en demeure pas
moins que nous ferons en sorte qu'un dictateur brutal ne soit pas remplacé par
un autre. Dans le nouveau gouvernement, tous les Irakiens doivent avoir voix au
chapitre, et les droits de tous les Irakiens doivent être protégés.
La reconstruction de l'Irak exigera
un engagement soutenu de la part de nombreuses nations, y compris la nôtre.
Nous resterons en Irak aussi longtemps que cela sera nécessaire, et pas un jour
de plus. L'Amérique a déjà pris un tel engagement par le passé, et l'a respecté
-- lorsque la paix a été rétablie après une guerre mondiale. Après avoir vaincu
les ennemis, nous n'avons pas laissé derrière nous des armées
d'occupation ; nous avons laissé des constitutions et des parlements. Nous
avons institué un climat de sécurité permettant à des chefs de file locaux
responsables et axés sur la réforme de bâtir les institutions qui sous-tendent
une liberté durable. Dans des sociétés qui engendraient autrefois le fascisme
et le militarisme, la liberté s'est installée définitivement.
Il fut un temps où beaucoup de gens
disaient que les cultures du Japon et de l'Allemagne étaient incapables de
soutenir des valeurs démocratiques. Eh bien, ils avaient tort. Certains disent
la même chose aujourd'hui à propos de l'Irak. Ils font erreur. La nation
irakienne, avec son fier patrimoine, ses ressources abondantes et son peuple
qualifié et éduqué, est tout à fait capable de progresser vers la démocratie et
de vivre en liberté.
La propagation des valeurs
démocratiques est clairement dans l'intérêt du monde, car des nations stables
et libres n'engendrent pas des idéologies meurtrières. Elles encouragent la
recherche pacifique d'une vie meilleure. Et il existe des signes encourageants
d'un désir de liberté au Proche-Orient. Des intellectuels arabes ont exhorté
des gouvernements arabes à prendre en considération le "fossé" en
matière de liberté, de façon que leurs peuples puissent pleinement jouir des progrès
de notre époque. Des chefs de file de la région parlent d'une nouvelle charte
arabe qui prônerait la réforme intérieure, une plus grande participation
politique, l'ouverture économique et le libre-échange. Du Maroc à Bahreïn et
au-delà, des nations sont en train de faire de véritables progrès vers la
réforme politique. Un nouveau régime en Irak servirait d'exemple spectaculaire
et impressionnant de la puissance la liberté pour les autres nations de la
région.
Il est arrogant et insultant de
prétendre qu'une région tout entière du monde -- c'est-à-dire le cinquième de
l'humanité qui est musulman -- est, pour une raison quelconque, insensible aux
aspirations essentielles de la vie. Les civilisations humaines peuvent être
très différentes. Pourtant, partout sur la terre, l'âme humaine désire le même
bien. Dans leur désir d'être protégés de l'oppression brutale et tyrannique,
tous les êtres humains se ressemblent. Dans notre désir d'élever nos enfants et
de leur donner une vie meilleure, nous nous ressemblons tous. C'est pour ces
raisons fondamentales que la liberté et la démocratie auront toujours et
partout plus d'attrait que les slogans haineux et les tactiques terroristes.
Le succès en Irak pourrait également
marquer le début d'une nouvelle étape pour la paix au Proche-Orient et
déclencher la marche vers un État palestinien réellement démocratique.
L'élimination du régime de Saddam Hussein privera les nébuleuses terroristes
d'un parrain riche qui finance l'entraînement des terroristes et offre des récompenses
aux familles des terroristes suicidaires. En outre, d'autres régimes recevront
un message clair indiquant que le soutien au terrorisme ne sera pas toléré.
Sans cet appui externe au
terrorisme, les Palestiniens qui œuvrent à la réforme et appellent la
démocratie de leurs vœux seront en meilleure position de choisir de nouveaux
dirigeants. De vrais dirigeants qui aspirent à la paix ; de vrais
dirigeants qui servent loyalement leur peuple. Un État palestinien doit être un
État réformé et pacifique qui renonce pour toujours au recours à la terreur.
Par ailleurs, on attendra du nouveau
gouvernement d'Israël, au fur et à mesure que la menace de terrorisme se
dissipera et que la sécurité s'améliorera, qu'il soutienne la création d'un
État palestinien viable et qu'il s'achemine le plus rapidement possible vers un
accord définitif sur le statut de cet État. Il faut progresser vers la paix, et
les activités de colonisation dans les territoires occupés doivent cesser. Par
ailleurs, les États arabes doivent assumer leur responsabilité de s'opposer au
terrorisme et de soutenir la naissance d'un État pacifique et démocratique en
Palestine, et annoncer clairement qu'ils vivront en paix avec Israël.
Les États-Unis et d'autres pays sont
en train d'élaborer un plan qui mènera vers la paix. Nous sommes en train de
poser les conditions indispensables au progrès vers l'objectif de deux États,
Israël et la Palestine, vivant côte à côte dans la paix et la sécurité. Mon
gouvernement -- et c'est également mon engagement personnel -- s'est engagé à
mettre ce plan en œuvre et à atteindre cet objectif. Les vieux cycles de
violence au Proche-Orient peuvent être brisés si toutes les parties concernées
se détournent de l'amertume, de la haine et de la violence, et se mettent sérieusement
au travail du développement économique, de la réforme politique et de la
réconciliation. L'Amérique saisira toutes les possibilités d'appuyer la paix.
Or, la disparition de l'actuel régime irakien créera une telle possibilité.
En affrontant l'Irak, les États-Unis
donnent également la preuve de leur soutien à des institutions internationales
efficaces. Nous sommes un membre permanent du Conseil de sécurité des Nations
unies. Nous avons aidé à le créer. Nous croyons tellement au bien-fondé du Conseil
de sécurité que nous voulons que ses décisions aient du poids.
Un pays à lui seul ne peut pas faire
face à la menace mondiale que constitue la prolifération des armes de
destruction massive. Le monde a besoin aujourd'hui, et aura besoin demain, d'institutions
internationales dotées du pouvoir et de la volonté de mettre fin à la
propagation du terrorisme ainsi qu'à la prolifération des armes chimiques,
biologiques et nucléaires. Une menace qui pèse sur tous doit être affrontée par
tous. Les déclarations nobles contre la prolifération n'ont guère d'importance
si les pays les plus forts ne sont pas disposés à les défendre et à avoir
recours à la force au besoin. Après tout, l'Organisation des Nations unies a
été créée, comme l'a dit Winston Churchill, pour "garantir que la force du
droit sera, en fin de compte, protégée par le droit de la force".
Un autre projet de résolution est
maintenant à l'étude au Conseil de sécurité. Si celui-ci répond aux actes de
défi de l'Irak par de nouvelles excuses et de nouveaux délais, si tout son
pouvoir se révèle creux, l'Organisation des Nations unies sera gravement
affaiblie en tant que source de stabilité et de maintien de l'ordre. Si ses
membres se montrent à la hauteur de la situation, alors le Conseil de sécurité
remplira sa mission originelle.
J'ai écouté attentivement les
personnes et les dirigeants qui ont fait connaître leur désir de paix dans le
monde entier. Nous voulons tous la paix. La menace qui pèse sur la paix ne
provient pas de ceux qui cherchent à faire respecter les exigences justes du
monde civilisé ; elle provient de ceux qui font fi de ces exigences. S'il
nous faut agir, nous le ferons pour maîtriser les violents et pour défendre la
cause de la paix. En agissant, nous signalerons aux gouvernements hors-la-loi
que les limites du comportement civilisé seront respectées dans ce nouveau
siècle.
La protection de ces limites a un
prix. Si la guerre nous est imposée par le refus de l'Irak de désarmer, nous
affronterons un ennemi qui cache ses forces militaires derrière des civils, qui
possède des armes terribles et qui est capable de tous les crimes. Les dangers
sont réels, et nos soldats, nos marins, nos pilotes et nos Marines le savent
bien. Malgré cela, aucune armée n'a été mieux préparée pour y faire face.
Les membres de nos forces armées
comprennent aussi pourquoi ils risquent de devoir se battre. Ils savent qu'on
peut être sûr que le recul devant un dictateur s'accompagnera de sacrifices
encore plus grands à l'avenir. Ils savent que la cause des États-Unis est bonne
et juste : la liberté pour un peuple opprimé et la sécurité pour le peuple
américain. Et je sais quelque chose au sujet de ces hommes et femmes qui
portent l'uniforme de notre pays : ils accompliront toutes les tâches qui
leur seront demandées avec compétence, honneur et courage.
En cette année 2003, les États-Unis
ont beaucoup à faire. Le travail qui nous attend est exigeant. Il sera
difficile de permettre que la liberté s'implante dans un pays qui a connu
trente ans de dictature, de police secrète, de dissensions intestines et de
guerre. Il sera difficile de cultiver la liberté et la paix au Moyen-Orient,
après tant d'années de conflit. Et pourtant, la sécurité de notre pays et
l'espoir de millions de personnes dépendent de nous, et les Américains ne se
dérobent pas à leurs obligations parce qu'elles sont difficiles. Nous avons
fait face à de grandes épreuves en d'autres temps, et nous ferons face aux
épreuves de notre époque.
Nous
allons de l'avant avec assurance, parce que nous avons confiance dans le
pouvoir de la liberté humaine de changer les vies et les pays. Grâce à la
détermination et l'engagement des Etats-Unis et de leurs amis et alliés, nous
ferons de notre époque une époque de progrès et de liberté. Les peuples libres
fixeront le cours de l'histoire et maintiendront la paix dans le monde.
George W Bush