John MCCain France sur l'Express.fr
Les militants d'Al-Qaeda voteraient-ils pour Obama ou McCain?
Le réseau terroriste pourrait peser sur l'élection présidentielle américaine. Rien qu'en apportant son soutien à l'un ou l'autre des candidats, qui craignent une "surprise d'octobre", comme en 2004.
Si Al-Qaeda ne semble pas en mesure de monter un gros attentat aux Etats-Unis, l'organisation pourrait peser sur l'élection présidentielle américaine. En procédant à des attaques sur des cibles américaines à l'étranger, bien sûr, mais aussi, simplement, en s'exprimant.
C'est ce que démocrates et républicains appellent "la surprise d'octobre" (lire l'encadré ci-dessous): un discours belliqueux d'Oussama ben Laden sur Internet ou, pire, un assaut réussi contre une ambassade, susceptible de faire basculer les électeurs dans le camp de John McCain à quelques jours du 4 novembre.
Une nouvelle "surprise d'octobre"?
"Les Etats-Unis, surtout en période électorale, ont considérablement renforcé leur sécurité", dit à l'AFP Dominique Thomas, spécialiste de l'islamisme radical à l'Ecole des hautes études en science sociale (EHESS). "Donc, je pense plutôt à une cible américaine à l'étranger. Mais il faudrait que cela soit suffisamment spectaculaire pour avoir un impact sur la campagne".
Ce qui est certain, ajoute-t-il, c'est qu'un président républicain, après George W. Bush, aurait la faveur des milieux jihadistes. "Pour eux, un McCain serait susceptible d'entrenir leur vision d'une confrontation Islam-Occident". "Sarah Palin, surtout, tient un discours de choc des civilisations qui sert totalement leur cause."
Al-Qaeda doit soutenir McCain dans la prochaine élection afin qu'il poursuive la marche d'échec de son prédécesseur, Bush.
Deux des plus importants sites d'Al-Qaeda sont bloqués depuis le septième anniversaire des attentats du 11 septembre 2001, réduisant la capacité de l'organisation à diffuser ses messages de propagande.
Mais des militants du mouvement terroriste ont néanmoins publié un communiqué de soutien au candidat John McCain sur Al-Hesbah, une plateforme de forums. Un soutien dont il se serait bien passé...
"Al-Qaeda doit soutenir McCain dans la prochaine élection afin qu'il poursuive la marche d'échec de son prédécesseur, Bush. Si Al-Qaeda lance une grande opération contre les intérêts américains, cet acte sera un soutien apporté à McCain parce que cela incitera les Américains à voter pour McCain afin qu'il se venge d'Al-Qaeda; Al-Qaeda pourra alors clamer sa victoire dans sa quête pour ruiner l'Amérique".
Pour les soutiens du candidat républicain en France, McCain France, qui ont diffusé un communiqué ce mercredi, ce message "montre en réalité l'inquiétude d'Al-Qaeda. Une potentielle victoire de John McCain le 4 novembre signifierait la continuité d'une politique qui les a affaiblis" en Irak ou en Afghanistan notamment. Pour eux, il y a tentative de manipulation afin qu'Obama soit élu. "Al-Qaeda a, plus que jamais, besoin d'une présidence Barack Obama pour reconstruire ses réseaux".
C'est ce qu'un autre républicain, élu de l'Iowa, Steve King, avait affirmé en mars dernier.
"Al Qaeda et ses supporters danseront dans les rues, encore plus qu'après le 11 septembre" si Obama est élu, selon lui. Et d'insister lourdement sur le nom complet du candidat démocrate : Barack Hussein Obama. "Bien sûr que ce deuxième prénom compte!", avait-il ajouté, mettant en avant l'un des arguments utilisés pour accréditer la rumeur selon laquelle Obama serait musulman et non chrétien.
En 2004, cinq jours avant le scrutin Bush/Kerry, ben Laden avait délivré sa "surprise d'octobre" sous la forme d'une harangue de dix-huit minutes adressée au peuple américain.
Dans son livre La doctrine du 1%, le journaliste Ron Suskind cite John McLaughlin, alors directeur-adjoint de la CIA, qui aurait dit le jour même lors d'une réunion: "Aujourd'hui, ben Laden a fait un joli cadeau au président" Bush.
Dans une interview au magazine Fortune, l'un des stratèges de John McCain, Charlie Black, avait reconnu qu'une nouvelle attaque représenterait "certainement un gros avantage" pour le candidat républicain.
Source : L'Express.fr