Débâcle de l'esprit critique
Le dernier éditorial du site Dialectikon, site libéral construit pour répondre à un besoin pour nous de construire notre discours avec une dialectique mieux réfléchie, est une oeuvre de lucidité sur quelques tristes personages de la politique internationale moderne. Débâcle de l'esprit critique, c'est le moins que l'on puisse dire. Vous avez dit esprit critique ? Arrêtons de lire ou d'écouter les médias Français pour cela !
Edito du Dialectikon d'octobre
www.dialectikon.com
L’attribution du prix Nobel de la paix à un
politicien pour son œuvre d’auto - promotion mérite la palme de la
défaite de la pensée et de l’esprit critiques.
Le
césar de Michaël Moore à Cannes dans la catégorie documentaire montrait
amplement la confusion volontaire entre l’information et le
commentaire, l’analyse et le pamphlet.
Les médias s’abstiennent de
rappeler que le protocole de Kyoto date du 16 mars 1998, et que le vice
président Al Gore et le Président Clinton ne l’ont pas ratifié,
pourtant au pouvoir jusqu’en janvier 2001.
Ce prix ne récompense ni
la pertinence scientifique ni l'intelligence ou la clairvoyance de son
récipiendaire : les jurés du Nobel de la Paix se sont définitivement
déconsidérés en s'abaissant à mettre ce trophée autrefois prestigieux
au service de la tactique politicienne et au niveau d'une récompense
Holywoodienne.
Et les médias, unanimes, sont ravis.
Déjà le
journalisme de l’information audio-visuelle est perdu pour l’analyse
critique, gorgé de discours politiquement et socialement corrects : aux
mêmes heures les mêmes commentaires reprennent les mêmes formules
issues vraisemblablement d’une source unique.
On pourrait s’attendre
à plus de recul et à une mobilisation plus effective de l’intelligence
dans la presse écrite : il n’en est rien comme on peut le constater
dans les deux exemples qui suivent, l’un relevant d’un journalisme de
passivité, l’autre de complaisance.
Journalisme passif : l’Islam et l’esclavage
Malek
Chebel, multirécidiviste du doctorat, est interviewé dans le Point du
13 septembre pour la promotion d’un nouveau livre « L’esclavage en
terre d’islam ». Se voulant – que Dieu soit loué – « défenseur de
l’esprit des lumières en Islam », il affirme que « l’islam est victime
de sa culture esclavagiste ». C’est une bonne formule à souffler à nos
amis américains et à tous les européens, dont Voltaire, qui ont
participé à la traite. Les voilà dédouanés.
Ce qui nous intéresse ici, c’est l’absence de réaction critique de la journaliste, Catherine Golliau, qui mène l’entretien.
Malek
Chebel énonce : « Le Coran, qui est le texte sacré de l’Islam, évoque
la question de l’esclavage dans vingt-cinq versets distincts répartis
dans quinze sourates. Si certains versets peuvent paraître ambigus (
sic ), la tonalité d’ensemble penche en faveur de l’esclave. « Délivrez
vos frères des chaînes de l’esclavage », dit le Prophète. Celui qui se
convertit à l’islam ne peut être retenu en esclavage »
Aucune
réaction de la journaliste : pourtant cela veut bien dire que
l’esclavage est autorisé sinon encouragé à l’égard des non musulmans,
des « incroyants ». Pour le coup, il n’y a plus d’ambiguïté dans le
texte sacré ! Qui est victime ?
La journaliste récidive en reformulant, sans un signe de protestation : « Celui qui est converti ne peut être réduit en esclavage, c’est un principe fondamental de l’islam. » Indiscutable. Effrayant.
Elle ajoute : « Pourtant, dès le VIIème siècle , la traite s’organise vers l’Asie, les Balkans et surtout l’Afrique… »
Pas
si grave, car « l’empire avait besoin de bras, et comme justement
l’esclave ne pouvait être musulman, on est parti le chercher
ailleurs… » Et la repentance, Docteur ?
« En échange d’une taxe, le monothéiste, juif ou chrétien, était protégé par l’islam, d’où son nom de dhimmi. » Du racket en un mot. Quant aux polythéistes, agnostiques et non-croyants…
La
journaliste semble se réveiller « [ les musulmans] ont organisé la
traite des Noirs pendant près de dix siècles en toute bonne
conscience. »
« C’est vrai…[mais] le statut de l’esclave était très
différent de celui qui a été imposé par les européens dans les
plantations d’Amérique. » Ben voyons !
La preuve ? Malek Chebel en
donne plusieurs exemples, dont celui des femmes enlevées pour peupler
(sic) les harems : « Si elles avaient un enfant du maître, elles
étaient affranchies et leur enfant était reconnu. » Un bon musulman
peut ( pouvait ? Malek Chebel ne remet pas en cause les versets du
Coran ) donc enlever, séquestrer et violer des femmes jusqu’à ce
qu’elles soient enceintes, ce qui leur donne le droit de partir ! Quel
humanisme ! Quelle magnanimité !
Mais qui est victime de quelle culture esclavagiste ?
Journalisme de complaisance : le cas Guevara
Ruquier,
hilare, refusant de respecter son auditoire en bouffant ses mots et
stigmatisant le Figaro qui se permet un article dénonçant l’assassin
Guevara, on s’y attend.
Il faudra s’habituer aussi à retrouver à la
télé les mêmes propos de comptoir sans fondement, les mêmes
plaisanteries grasses et les mêmes litanies de lieux communs : autant
se payer une mousse au bistrot de son quartier pour retrouver un peu
d’humanité et moins d’égocentrisme.
Mais que n’a-t-on pas entendu
sur toutes antennes de radio et lu dans les journaux pour fêter les 40
ans de sa disparition ! Ernesto Guevara présenté comme un Robin des Bois argentin !
Mais Robin des Bois ne volait pas les riches pour donner aux pauvres,
il récupérait la surimposition d’un usurpateur : Robin des Bois, c’est
un légitimiste militant à Contribuables Associés ! Il ne tuait pas des
opposants, ne massacrait pas ses prisonniers et n’imposait pas son
idéologie.
« Stalinien tropical pur jus »,
précise les Echos du 7 septembre dernier pour faire passer la pilule.
Non ! Pas stalinien : communiste, point final. Comme Trotski et
Dzerjinski, comme Lénine, comme Pol Pot, comme Mao, comme Castro… Et
aussi Staline. Tous criminels.
Pire encore ! Martyr, a-t-on répété ! Pourquoi insulter tous ceux qui sont morts dignement en témoignant de leur foi ?
« Comme
le Che, je suis bourré de doutes » dit de son modèle l’ange Besancenot
au Point du 11 octobre 2007. Quand on fusille ses opposants ou qu’on
les déporte dans des camps, on met le doute sur les autres pas sur soi.
« Besancenot a changé » se réjouit le journaliste. CQFD !
Alain.C.TOULLEC