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Les Amis de la droite Américaine
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30 août 2007

(Petites) réflexions à l’heure de la rentrée

Ca y est, l’été est fini et nous pouvons enfin tenter de faire le point sur les principaux événements qui ont secoué la torpeur tranquille de ces mois de juillet et d’août. Bien sur, les médias français ont préféré commenter les vacances du couple présidentiel ou encore la prétendue crise boursière de ces dernières semaines, plutôt que de s’interroger sur les aléas de la politique internationale ; mais nous pouvons également voir plus loin, et s’interroger sur les principaux évènements de cet été.

Sans savoir vraiment pourquoi, je m’aperçois que ces évènements proviennent du monde arabo-musulman majoritairement. Non que je sois convaincu de la véracité de la doctrine du professeur Huntington1 et de son « choc des civilisations » (encore que sa thèse soit plus complexe que ce que l’on en dit souvent), mais il serait vain de nier qu’aujourd’hui il y a un sérieux problème avec l’Islam, du moins dans sa version la plus radicale.

L’inquiétude débute avec le cas iranien. En fait, cela fait des mois que les médias essaient de nous rassurer, et de nous dépeindre l’Iran de manière à nous faire comprendre qu’il n’est pas l’état théocratique et arriéré que nous croyons souvent. Alors quoi ? Nous tromperions-nous donc sur la nature du régime des mollahs ? Pensez aux magazines de la gauche caviar qui se sont délectés à Cannes lors de la projection du film Persepolis de Marjane Satrapi qui – malgré ses qualités graphiques indéniables – donne une certaine version des relations Orient-Occident, au final très compassionnelle et relativiste (du style : « oui ca va mal en Iran mais en Europe c’est pas mieux »). Il n’est pas jusqu’aux guides féminins branchés comme le best-seller « Les pintades à Téhéran » qui, dans la lignée des grandes villes occidentales, New-York, Londres, Milan, Paris, essayent de nous faire croire que la capitale iranienne est le temple de la féminité triomphante... Pensez : les femmes sont obligées de porter le voile (tiens c’est drôle, sous le Shah personne ne le portait, pas plus que dans la Perse médiévale... l’Iran des mollahs serait-elle en état de régression culturelle ?) MAIS la liberté de choix est préservée, car les Iraniennes ont le droit de choisir la couleur du voile, ainsi que sa texture et parfois même, ses dimensions. En outre, on explique qu’il est extrêmement tendance de choisir un foulard griffé par une grande marque... So chic, le foulard. Pourtant, ne sont-ce pas là les marques de ce luxe honni, symbole de la décadence occidentale que fustigea en son temps Khomeiny ? Vite, une fatwa et interdisez-moi cela ! C’est d’ailleurs ce qui est passe d’être ; rappelons que le régime iranien a durci le ton cet été après des vagues d’arrestations d’opposants politiques, l’interdiction de publication de divers journaux modérés ainsi que de nombreux sites Web. L’Iran, pays de libertés, serait donc un mythe ?

En Palestine, Alan Johnston, ce journaliste de la BBC, prisonnier de « mouvements radicaux » selon l’AFP (et non de terroristes, appréciez la nuance), a été libéré à la suite d’un odieux chantage, mais toute cette comédie n’aura servi qu’à renforcer le pouvoir absolu du Hamas à Gaza et à marginaliser encore plus le Fatah sur la scène internationale. A ce sujet, il est assez comique de voir que ceux qui jusque là soutenaient Yasser Arafat comme le vaillant défenseur de la cause palestinienne tournent désormais le dos au mouvement qu’il a fondé et lui préfèrent celui, résolument plus radical, du Hamas. Peut-être parce que c’est désormais le Hamas qui entend vouer son existence à la destruction d’Israël ? Encore un effort, et les médias français en parleront comme d’un mouvement politique absolument démocratique et profondément respectueux des droits de chacun.

Partons vers l’Egypte. Mohamed Hegazi, un jeune musulman converti à la religion chrétienne subit – dans l’indifférence occidentale la plus totale – la persécution et l’intolérance de ses concitoyens, dans un pays qui comporte pourtant une forte minorité copte, près d’un Egyptien sur dix selon les estimations internationales. Affaire d’extrémistes uniquement, comme aiment à le rappeler les journaux bien pensants ? Rien n’est moins sur... Comme le jeune homme l’expliquait au Figaro, « Le danger ne vient pas seulement des extrémistes : un citoyen ordinaire pourrait me tuer de son propre chef, convaincu d’avoir ainsi servi l’Islam » (19 août 2007). Force nous est de constater qu’à l’heure actuelle, l’Islam est sans doute la seule religion qui condamne encore l’apostasie. C’est aussi l’une des seules religions qui, sans avoir de clergé centralisé, entend dicter aux autorités politiques ce qu’il convient, ou non, de faire. A ce titre, l’Islam est en passe de devenir une arme de type idéologique, ni plus ni moins. Car lorsque est menacée la liberté religieuse, ce fruit naturel de la liberté d’expression, on peut dire que le pire est à venir. On aura bien sur noté que les Etats occidentaux, eux, respectent la religion – toutes les religions. Comment ne pas citer le premier amendement de la Constitution américaine qui prévoit formellement que le Congrès ne pourra faire aucune loi concernant l'établissement d’une religion ou interdisant son libre exercice ? Comme le disait le grand Thomas Jefferson, « Les erreurs cessent d’être dangereuses quand il est permis de les contredire librement2. »

Sur le continent africain, la Libye et son « Guide » vivant sous une tente, Mu’ammar Al Kadhafi, ont quant à eux fait montre de leur bassesse avec le dossier des infirmières bulgares et du médecin palestinien. Tiens, un détail intéressant : un médecin « palestinien ». Pourquoi ne pas avoir plus parlé de la nationalité de ce médecin ? Peut-être parce que les Libyens haïssent les Palestiniens, une réalité qui vient contredire trop ouvertement ce que les Français imaginent être une « solidarité arabe » et qui, bien sur, n’est qu’un mythe. Quels journalistes ont donc rappelé que, depuis l’opposition de ce pays aux accords de Washington3, la Libye a procédé à l’expulsion régulière de Palestiniens, ou à leur internement systématique ?

Plus largement, trois éléments méritent d’être évoqués, concernant ce dossier, par ailleurs abondamment commenté. Le principal est bien entendu que l’Europe a renoué avec ses anciennes habitudes honteuses, puisque désormais, un Etat voyou sera désormais considéré comme un Etat comme les autres et ce malgré toutes les violations du droit international par lui commises ; en d’autres termes : le crime paie4.

Puis, que la solidarité européenne (celle, purement factice, de l’Union européenne) n’est qu’un mythe, une belle vitrine pour téléspectateurs d’Arte en manque de sensations fortes.

Sitôt la France avait-elle agi en Libye que les Allemands se plaignaient d’une probable perte de marchés et que s’élevait la voix de certains de leurs principaux acteurs industriels, et ce tandis que les Anglais raillaient des possibles contreparties exigées par la Libye... Tiens, là aussi c’est drôle, leurs journaux n’ont rien dit de la déculottée de leur pays face à l’Iran, lorsqu’un dictateur en chef bien connu, et antisémite notoire, a fait capturer illégalement des soldats britanniques, et a bafoué, là encore, la communauté internationale).

Enfin, que la gauche caviar française est toujours aussi avide de polémiques gratuites pour redorer un blason déjà bien terni par les divisions internes entre « les éléphants » et « les jeunes lions » de « la France présidente »... Là voilà qui ironise sur le rôle de la première dame de France, Cécilia Sarkozy, en donnant du crédit aux assertions fantaisistes de l’un des fils ripoux du président Kadhafi ! C’est drôle ; on entend moins notre gauche lorsqu’il s’agit de condamner la barbarie des Talibans – qui font à nouveau parler d’eux avec l’épisode du rapt de Sud-coréens. C’est vrai que le sacrifice d’un Massoud est déjà bien oublié chez nous et que l’effondrement de l’Afghanistan n’est pas assez intéressant pour une gauche caractérisée par le vide idéologique le plus profond.

Sans doute pourrait-on continuer à l’infini une telle liste.

En fait, ce que l’on peut en tirer comme conclusion – je parle de la déculottée d’occidentaux honteux de ce qu’ils sont, et des valeurs qui sont les siennes – est qu’il ne s’agit pas d’un phénomène nouveau. Déjà, dans un article publié au Monde en 1955, Maurice Duverger – l’universitaire français bien connu, constitutionnaliste et politologue réputé – avait écrit que « Se borner à dénoncer à longueur de journée les camps de déportation ne hâte pas (...) la libération des déportés mais peut, dans un certain contexte, aggraver la tension entre les blocs. Dénoncer au contraire sans relâche l’injustice sociale et la domination capitaliste en France peut aider dans une certaine mesure à y mettre fin. » En d’autres termes, il ne fallait surtout pas que les journalistes informent le Français lambda – déjà lobotomisé par le discours du tout-puissant couple PCF–CGT – des horreurs du communisme, mais il leur était bien entendu permis de critiquer ce grand méchant capitalisme qui, on le sait, est incarné par une Amérique décadente et impérialiste, déjà responsable (pour la grande majorité de nos concitoyens) de tout ce qui va mal sur cette Terre.

J’ai l’impression – mais peut-être suis-je en train de me tromper – que rien n’a changé dans notre beau pays, mis à part le fait que le Mal ne vient plus de l’autre côté du rideau de fer, mais du cerveau enfiévré de quelques extrémistes musulmans fanatiques, dont le nombre réduit ne doit pas cacher qu’ils représentent une menace bien réelle pour la paix de la planète, et que les intellectuels et les médias, comme toujours, baissent les bras de peur de froisser ces mêmes extrémistes qui, eux, n’hésitent pas à déclarer la guerre contre les Juifs et les Croisés, qu’ils se sont donné comme objectif de faire disparaître de la surface du globe. Et ce, sans oublier que les premières victimes du fondamentalisme musulman... ce sont les musulmans eux-mêmes.

Philippe Jaunet


 

1 Samuel Huntigton : The Clash of Civilizations and the Remaking of World Order, 1996. Dans cet ouvrage, le professeur de Harvard dit en substance que les conflits ne mettent pas seulement aux prises des Etats nationaux, mais bien des ensembles plus vastes, des ensembles sociaux culturels que l’on dénomme classiquement « civilisations ».

 

2 Thomas Jefferson : Un projet pour établir la liberté religieuse, 1785.

 

3 Accords signés le 13 septembre 1993 entre Israël et les autorités de l’OLP. Au sein des pays jusque là favorables à la cause palestinienne, seuls l’Egypte et la Jordanie avaient approuvé cette tentative de rapprochement entre les deux camps.

 

4 Voir, à ce sujet, l’excellent article de l’Atlantis Institute : http://www.atlantis.org/publications/articles/libye%3a-le-crime-paie/

Philippe possède son propre blog, sur lequel vous pouvez retrouver nombre de ses opinions sur différents sujets.


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